Maladie de Kienböck
Dieppe (76) - Clinique Mégival

Qu’est-ce que la maladie de Kienböck ?
Chirurgie du poignet à Dieppe
La maladie de Kienböck correspond à une nécrose avasculaire de l’os semi-lunaire (également appelé lunatum). Elle a été décrite pour la première fois en 1910 par un radiologue autrichien, le Dr Kienböck.
Le lunatum fait partie de la première rangée des os du carpe. Il s’articule avec le radius sur sa face proximale, et avec le grand os (capitatum) sur sa face distale.
L’origine de cette pathologie reste partiellement comprise. Des facteurs comme certains troubles vasculaires ou une composante auto-immune sont évoqués. Ce processus peut conduire à une dégradation progressive de l’os, pouvant s’accompagner de fractures et de modifications de sa forme. L’interruption ou la diminution de l’apport sanguin semble jouer un rôle central. Des éléments aggravants ont été identifiés, comme des microtraumatismes répétés, une variation anatomique avec un cubitus (ulna) plus court, l’usage de corticoïdes ou encore le tabagisme. Ce sont principalement des hommes jeunes qui présentent cette affection, bien qu’elle reste peu fréquente.
La maladie évolue en plusieurs stades. L’imagerie médicale permet d’en déterminer l’étendue et oriente les choix thérapeutiques.
Sans intervention, l’évolution naturelle de cette pathologie conduit à une arthrose du poignet, provoquant des douleurs et une perte de mobilité.
Maladie de Kienböck à Dieppe
Docteur Poulain spécialiste du poignet
Diagnostic de la maladie de Kienböck
Le principal motif de consultation est la douleur. Celle-ci apparaît au début lors d’activités nécessitant un appui sur le poignet, puis peut devenir présente lors de gestes plus légers, voire au repos. Les douleurs se manifestent notamment lors de mouvements sollicitant le poignet en charge, comme les pompes.
La radiographie est un premier examen utile, bien qu’elle puisse ne pas révéler d’anomalie dans les stades précoces. L’IRM, avec injection de produit de contraste, permet d’identifier ces stades initiaux. Une scintigraphie osseuse peut également être réalisée.
Dans le cadre d’un projet chirurgical, un arthroscanner est parfois demandé afin d’évaluer l’état du cartilage des os proches du lunatum.
L’imagerie permet de classer la maladie en quatre stades :
- Stade 1 : Radiographies normales, mais des signes de mauvaise vascularisation du lunatum sont visibles à l’IRM ou à la scintigraphie.
- Stade 2 : Apparition de modifications dans la forme et la densité de l’os sur les radiographies.
- Stade 3 : Présence d’une fracture du lunatum.
- Stade 4 : Résorption partielle ou disparition complète de l’os semi-lunaire.
Approches thérapeutiques
La prise en charge est le plus souvent chirurgicale. Différentes techniques sont envisageables. Le praticien expliquera les options ainsi que les implications de chaque intervention. L’utilisation d’injections, notamment de corticoïdes, n’est pas recommandée, car elle peut aggraver la situation.
- Stade 1 : Le traitement initial repose sur le repos articulaire, afin de limiter les contraintes. Le port d’une attelle est proposé pendant environ trois mois. Un contrôle radiographique est ensuite réalisé. L’éviction de certains facteurs, comme le tabac ou les corticoïdes, est recommandée.
- Stade 1 (si échec du traitement conservateur) et Stade 2 : Diverses interventions peuvent être proposées pour limiter la pression exercée sur le lunatum. Il peut s’agir d’ostéotomies de raccourcissement ou de correction au niveau du radius, ou parfois du grand os. Une greffe osseuse avec apport vasculaire peut également être réalisée dans certains cas, en utilisant des techniques microchirurgicales.
- Stades 3 et 4 : Dans ces situations, l’ablation partielle ou complète du lunatum est souvent réalisée. Un implant chirurgical, le plus souvent en pyrocarbone, est alors placé dans l’espace libéré.
Dans les formes avancées, une arthrodèse (fusion de plusieurs os du carpe) peut être envisagée. Elle permet de stabiliser la zone et de réduire la douleur, bien qu’elle entraîne une limitation de la mobilité.
Une autre solution consiste à retirer la première rangée des os du carpe (scaphoïde, lunatum et triquetrum). Cela permet au capitatum de s’articuler directement avec le radius. Cette option permet souvent de conserver une certaine mobilité et stabilité du poignet, mais la force peut rester inférieure à celle du poignet opposé.
Plus rarement, une neurotomie du nerf interosseux postérieur (section du nerf sensitif) peut être proposée. Cette intervention vise à atténuer les douleurs, sans modifier l’évolution naturelle de la maladie.
Chirurgie assistée par arthroscopie
L’arthroscopie permet une intervention ciblée sur le lunatum, avec des incisions limitées. Deux à trois petites ouvertures suffisent. Ce mode d’intervention présente l’intérêt de limiter les atteintes sur les tissus environnants, notamment les muscles et tendons à l’arrière du poignet. Toutefois, cet avantage est moindre si la pose d’un implant est nécessaire.
Suites opératoires
La chirurgie est le plus souvent réalisée sous anesthésie locorégionale (anesthésie du bras uniquement) et en ambulatoire.
Une attelle est généralement portée pendant quelques semaines, principalement pour soulager la douleur.
Les soins postopératoires sont effectués par une infirmière en ville. Des exercices d’autorééducation, ainsi que des séances de kinésithérapie, sont mis en place rapidement. La reprise de la conduite est en général possible après environ un mois. Le processus de récupération complet peut prendre entre 4 et 6 mois.
Complications possibles
Les complications varient en fonction du type d’intervention réalisée. Elles peuvent inclure des atteintes des structures voisines, notamment les nerfs.
L’algodystrophie est une complication connue. Elle se manifeste par un gonflement, des douleurs persistantes et une raideur du poignet et de la main.
Ces événements restent peu fréquents.
Évolution et objectifs
Les résultats dépendent du stade auquel la maladie est prise en charge. L’objectif du traitement est de restaurer un usage fonctionnel du poignet, en réduisant les douleurs et en limitant la progression vers une arthrose plus marquée.